LA DESCENDANCE SPIRITUELLE DE NEWMAN EN GRANDE-BRETAGNE – Didier RANCE

Études newmanienne n° 28 (2012)

Trois aspects de la descendance de Newman en Grande-Bretagne (pour l’essentiel en Angleterre[1]) retiendront notre attention : la descendance culturelle, la descendance religieuse, les convertis.  

La descendance culturelle de Newman

Pourquoi commencer par la dimension culturelle alors que le titre de cette communication comprend le terme « spirituelle » ? Parce que, jusqu’à une époque récente, c’est avant tout en tant qu’homme de lettres que Newman a marqué la majorité des Anglais qui se sont intéressés à lui. L’affirmation peut surprendre, s’agissant d’un homme d’Église et qui plus est un bienheureux, mais après tout n’en va-t-il pas de même pour celle de ces deux évêques français que furent Bossuet et Fénelon – sans parler des cas plus ambigus d’ecclésiastiques anglicans comme l’évêque-philosophe Berkeley ou le doyen-romancier Swift ? Newman ne pressentait-il pas d’ailleurs ce paradoxe : « Les saints ne sont pas des hommes de lettres, ils n’aiment pas les auteurs classiques, ils n’écrivent pas des histoires », ajoutant qu’il lui suffirait, quant à lui, de cirer les chaussures des saints, « si saint Philippe [Neri] se sert de cirage au Paradis »[2] (l’Église en a décidé autrement). 

Quoi qu’il en soit, le fait est là : durant des décennies après sa mort, Newman a surtout été lu et apprécié comme maître de la prose victorienne. Sa descendance littéraire est abondante mais avant d’évoquer quelques auteurs qui ont reconnu leur dette envers lui, notons que son influence sur l’art d’écrire a été bien plus vaste que sur les seuls écrivains de profession. Trois témoignages parmi d’autres : on l’a surnommé « l’Ange gardien de la langue anglaise »[3] ;  le critique littéraire Arthur Quiller-Couch, un des plus influents du premier tiers du siècle dernier, le donne neuf fois en exemple dans son fameux On the Art of writing (1916); l’archevêque de Canterbury de 1961 à 1974, Michael Ramsey, a raconté qu’à l’école son maitre lui disait : « Si vous voulez écrire en latin, tournez-vous vers Cicéron, si vous voulez écrire en anglais, tournez-vous vers Newman »[4].

Pour les écrivains proprement dit, il peut sembler surprenant de mettre en valeur un Irlandais, mais n’oublions pas que James Joyce, car c’est de lui qu’il s’agit, avait déjà quarante ans à l’indépendance de son pays jusqu’alors relevant de la couronne britannique. On trouve sous sa plume plus d’une quarantaine de citations ou de références à Newman, en particulier à propos de son style, que ce soit dans la bouche de ses héros comme Stephen Dedalus dans Portrait de l’artiste en jeune homme ou ailleurs. Dans une déclaration, il reprend ce qu’il met sur les lèvres de Dedalus : « Le cardinal Newman est le plus grand prosateur » (s. e. de la littérature anglaise). D’autres romanciers aussi ont reconnu leur dette, certains l’ont même introduit dans leurs œuvres, comme Barbara Pym ou l’Américaine anglophile Helene Hanff dans son roman 84, Charing Cross, devenu une pièce de théâtre culte de la scène londonienne et un film[5]

Les raisons de cette influence littéraire de Newman sur la culture anglaise ont fait l’objet d’études[6] qui évoquent en particulier la musicalité de sa phrase (signalée déjà de son vivant comme envoûtante par Matthew Arnold et Walter Pater, puis au siècle dernier par d’autres comme J. Lewis May[7] (qui parle aussi, ailleurs, d’un parfum plus évanescent que celui du lys ou de la rose pour décrire la qualité du style de Newman[8]), mais aussi sa sincérité, l’absence de clichés et une rhétorique d’autant plus puissante qu’elle s’enracine dans le flux même de la pensée et suit au plus près le travail de celle-ci (« Vous ne savez jamais où il va aller », selon Muriel Spark[9]). Bref, un écrivain chez qui, pour appliquer la définition de Hugo selon laquelle « la forme, c’est le fond qui remonte à la surface », la beauté et la vérité sont inséparables – l’expression est du cardinal Manning. Il faut toutefois ajouter que cette influence littéraire a été largement balayée, tout comme l’ensemble de l’héritage classique et victorien, à partir de la rupture de civilisation britannique des années 1960. 

La descendance de Newman dans les autres domaines de la culture est moindre, à l’exception de la musique. The Pillar of the Cloud a été mis plusieurs fois en musique (John Bacchus Dykes, William Harris…), et il est intéressant de savoir qu’il fut chanté sur le Titanic en train de couler par un soliste et le chœur de passagers dirigés par le Révérend Ernest Carter. D’autres poèmes et hymnes ont aussi été mis en musique[10]. Et, surtout, le Songe de Gerontius (Dvorak aurait souhaité le composer, c’est Elgar qui le réalisa), créé en 1900, sommet de la musique religieuse anglaise et pièce majeure du répertoire musical britannique. À travers cet oratorio, l’influence de Newman dépasse d’ailleurs le niveau artistique car Elgar est attentif à l’arrière-plan tant culturel que spirituel d’un texte qui le passionnait, lui le catholique anglais ayant eu tant de difficultés avant de trouver une place dans l’Angleterre victorienne finissante[11]

Dernier domaine culturel dans lequel Newman a eu une descendance certaine : l’éducation : l’Université. Le professeur John Ozolins ayant traité le sujet au cours de ce colloque, il suffit d’ajouter qu’en Angleterre – où le modèle allemand centré sur le seul savoir et non sur la construction de la personnalité, contrairement à celui que Newman prônait, l’a largement emporté – The Idea of a University n’y a sans doute pas la même actualité qu’aux États-Unis (comme en témoigne par exemple le titre donné à son ouvrage par l’historien de Yale, Jaroslav Pelikan[12]), qu’en Ukraine où la jeune Université catholique s’inspire nettement de son idéal, ou qu’en Irlande où l’Université qu’il fonda à Dublin continue à se réclamer de son héritage[13]. Mais un ouvrage récent sur les universités britanniques laisse entendre que, là aussi, l’héritage newmanien (et arnoldien) n’est pas mort, en ceci que des universités entendent rester centrées sur le perfectionnement de leurs étudiants avant que d’être utilitaristes[14].

La postérité religieuse de Newman

En simplifiant beaucoup, on peut distinguer quatre étapes dans la descendance anglaise de Newman en ce domaine.

Apothéose 

Quand Newman meurt, le 11 août 1890, l’Angleterre se découvre orpheline, d’un père… spirituel. Quinze mille personnes suivent le cortège funèbre à Birmingham et tous les journaux du royaume rivalisent dans la louange (le Press Book qui les collationne compte près de 300 pages). Comme le fait remarquer le Globe, alors même que Newman aurait dû réunir contre lui tous ceux avec qui a un moment ou un autre de son existence il avait polémiqué, « jamais auparavant toutes les croyances et tous les partis n’avaient été unis par un élan à la fois commun et pourtant autonome, pour offrir des honneurs attentionnés à un homme dont toute la vie avait été une protestation sans compromission contre l’immense majorité d’entre eux ». La presse anglaise réalise ainsi pour Newman ce dont Carlyle avait rêvé : le culte du héros. Le Church Times anglican évoque de façon élogieuse le « glamour de sa carrière romantique » et les termes qui reviennent le plus souvent sous la plume des journalistes sont ceux d’« homme juste », de « grand dirigeant spirituel », et aussi de « grand Anglais ». Le Times écrit en point d’orgue : « Que Rome le canonise ou non, il sera canonisé dans les pensées des personnes pieuses de bien des dénominations religieuses en Angleterre ». Rapportant cette déclaration, son grand adversaire, le cardinal Manning (dont la mort un an et demi plus tard sera l’occasion d’une démonstration populaire à Londres encore plus impressionnante que pour celle de Newman), l’approuve et parle de son vieil adversaire comme du « témoin le plus prestigieux de notre foi ».

Équivoque moderniste 

La descendance spirituelle de Newman en Grande-Bretagne semble donc démarrer sous les meilleurs auspices. Elle va vite dérailler. L’unanimité ne dure pas – le Church Times ne l’avait-il prédit, lui pour qui l’héritage catholique et spirituel de Newman se flétrirait vite et il ne resterait alors que celui du grand écrivain, ce qui durant trois quarts de siècle semblait se confirmer ?  Chacun retourne à ses ornières de pensées et de préjugés. L’accent qu’il a mis sur la conscience, coupé du reste de sa réflexion, et ses combats avec les ultramontains, font inventer un Newman proto-moderniste. Les chefs de cette École en Angleterre, le baron von Hügel et George Tyrrell, se réclament tous deux de son patronage dans leurs démêlés avec Rome. Le premier voit en lui son précurseur, le second se veut son « dévot disciple» et proclame qu’il est entré dans l’Église catholique par son influence autant que par celle de la théologie mystique ; il ajoute haut et fort qu’avec lui et ceux de son école de pensée c’est Newman que Rome a jugé, même si Pie X, en 1908, refuse au contraire de lier le défunt cardinal à ceux qu’il condamne et, mieux encore, les invite à lire Newman pour y apprendre « bien des choses excellentes »[15]

Le purgatoire

Dans une Église catholique anglaise en général plus papiste que le Pape, Newman tombe alors dans un purgatoire qui n’est certes pas celui qu’il espérait pour son Gerontius. On continue à exalter le converti et le cardinal, mais sa pensée est délaissée et on ne le lit guère. Ce désintérêt est renforcé par la façon dont la défense de son orthodoxie par l’évêque de Limerick, Mgr Dwyer, « canonisée » par Pie X, est menée : elle propose l’image d’un penseur catholique, certes classique et traditionnel, mais qui a l’inconvénient d’avoir écrit en des termes plutôt flous et vagues ce que saint Thomas d’Aquin a exprimé de façon claire et définitive. Le Newman ainsi embrigadé dans un douteux psittacisme néo-scolastique n’intéresse personne et disparaît largement du champ théologique anglais, d’ailleurs bien somnolent à cette époque, à part quelques figures comme l’abbé de Buckfast, Anschar Vonier (qui est d’ailleurs allemand). Ceci alors même que sa postérité intellectuelle et spirituelle s’affirme ailleurs, en France de façon ambiguë sous l’influence de Bremond, en Allemagne de façon plus sérieuse avec Przywara, Haecker, Edith Stein. Lorsqu’en 1950 l’Église catholique d’Angleterre célèbre dans un gros volume le centenaire de la restauration de sa hiérarchie, Newman a bien droit à un chapitre entier et à diverses références mais, sauf rares exceptions, c’est seulement en tant que figure éminente du passé et comme convertisseurUn des contributeurs cite, pour l’approuver, la remarque d’un étudiant australien selon lequel « il n’y a pas de pays où Newman est si peu estimé qu’en Angleterre »[16]

Arrive Vatican II : si Newman est souvent gratifié d’une paternité « cachée », « intellectuelle » ou « d’influence » du Concile (Guitton, Ker, etc.), les évêques anglais et gallois ne le citent jamais dans l’aula conciliaire, alors qu’ils propagent largement les idées de Manning (à l’exception, une fois chacun, du cardinal Heenan et du bénédictin Butler). Après le Concile, Newman demeure absent de l’horizon de la plupart des évêques anglais, comme on peut le vérifier pour Mgr Worlock, l’homme fort de cet épiscopat durant près d’un demi-siècle[17]. Au lendemain du Concile George Scott, dans son panorama sur le catholicisme anglais, n’accorde à Newman qu’une seule référence marginale en près de 300 pages (un évêque dit lui devoir sa conversion)[18]. L’Église catholique anglaise change mais pas le regard sur Newman, même si les motivations pour le justifier s’inversent, comme le fait remarquer l’historien Sheridan Gilley : « Il est frappant de constater qu’avant Vatican II, Newman et les Oratoires qu’il a fondés et qui conservent sa mémoire étaient regardés comme libéraux, et que depuis le Concile on est venu à les considérer comme conservateurs »[19]. De fait, le tournant postconciliaire vers les questions sociales et vers l’œcuménisme semble enfoncer Newman plus encore dans l’oubli. Aussi tard qu’en 1999, et pourtant en plein renouveau newmanien comme nous allons le voir, la synthèse qui se veut de référence sur les catholiques anglais dirigée par Michael Hornsby-Smith l’ignore presque entièrement, à l’exception de Sheridan Gilley, déjà cité. 

Toutefois, deux lieux entretiennent sa mémoire. D’abord l’Oratoire de Birmingham, où des travaux de collation de son œuvre sont menés qui, peu à peu, vont édifier le corpus newmanien que nous connaissons (au fil des générations, les Pères Bacchus, Tristram ou Dessain s’illustrent dans ces travaux). Puis, à Oxford, la Société Newman de l’Université d’Oxford née en 1878 comme Cercle catholique et qui prend ce nom de son vivant même. Elle sera le prototype de quelque 300 Centres universitaires Newman à travers le monde.  En 1896, elle obtient la reconnaissance plénière des étudiants catholiques à Oxford et Cambridge, achevant le rêve de Newman. Tout au long du XXe siècle, ses débats et rencontres accueilleront de grands noms de la culture britannique, et au-delà, Benson, Chesterton, Belloc, Baring, Waugh ou encore Elizabeth Anscombe, pour beaucoup le plus grand philosophe anglais de la seconde moitié du XXe siècle[20], convertie au catholicisme alors qu’elle étudie à Oxford. Toutefois cette visibilité du nom de Newman grâce à celui de cette association ou des Newman Centres ne doit pas trop faire illusion. Combien d’étudiants du Centre Richelieu de Paris s’intéressent au cardinal éponyme ?

Le retour 

Malgré ces lieux qui entretiennent la flamme, Newman semble donc s’effacer irrémédiablement du paysage religieux anglais tout au long du XXe siècle. Est-ce une confirmation de sa propre affirmation selon laquelle « il est très difficile d’élever un Anglais jusqu’au niveau dogmatique », alors qu’il disait de lui-même dans l’Apologia : « Depuis l’âge de quinze ans, le dogme a été le principe fondamental de ma religion ; je ne connais pas d’autre religion ; je ne peux en imaginer aucune autre […]. »[21]

Mais dans le domaine de la pensée, nul n’est une île, pas même l’Angleterre, et peu à peu sa renommée en de nombreux pays comme penseur chrétien de premier ordre parvient aux rivages d’Albion. La synthèse de Przywara est traduite en anglais dès 1930, mais c’est surtout, me semble-t-il, le Français Louis Bouyer qui à joue un rôle important en ce domaine – sa biographie est publiée en anglais en 1958 (et son important Newman’s Vision of Faith sera publié en anglais, aux Etats-Unis il est vrai, vingt ans avant d’être traduit en français[22]). En 1966, un symposium est organisé à Oxford ; on peut le considérer comme la première étape importante de la « redécouverte de Newman » (les Actes publiés l’année suivante portent ce titre), mais il est symptomatique qu’il donne lieu à des communications sur l’influence de Newman en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et, en Grande-Bretagne, chez les anglicans ou les non-conformistes mais pas chez les catholiques !

L’autre moteur de la redécouverte de Newman, c’est la marche vers la béatification : elle aussi trouve sa source ailleurs qu’en Angleterre, au Canada en 1935 puis aux États-Unis en 1941, et on s’attache alors surtout au Newman penseur de la foi (son éventuelle proclamation comme docteur de l’Église est déjà évoquée).  L’Angleterre est fort lente à réagir (selon le P. Chavasse, c’est surtout pour cause d’inexpérience, de pauvreté et aussi parce que les Oratoriens ont d’autres préoccupations plus immédiates[23]). En 1958, la cause est enfin initiée au niveau diocésain mais le travail n’avance que lentement malgré le souhait d’une béatification rapide exprimé par Paul VI puis par Jean-Paul II. Un coup d’accélérateur est donné à partir de 1974 par la fondation de l’Institut The Work et son installation en 1987 à Littlemore, et par les Oratoriens de Birmingham qui créent les Amis du Cardinal Newman dont le Bulletin, à vrai dire, est surtout de piété et non de travail de recherche, contrairement aux remarquables revues newmaniennes allemande, française ou américaine ou au site de The Work. La Positio diocésaine n’est pourtant achevée qu’en 1989, et le dossier part alors à Rome, dans l’attente d’un miracle. 

Ces deux mouvements conduisent à un renouveau d’intérêt dans le catholicisme anglais. On voit se multiplier publications et initiatives et de grands chercheurs newmaniens apparaissent comme le P. Ian Ker, dont la biographie de référence sur Newman paraît en 1988. À partir de 1990, année du centenaire de sa mort, ce flot devient fleuve, et Newman retrouve sa place au cœur d’une théologie et d’une spiritualité catholiques anglaises en renouveau. L’annonce de sa béatification et celle-ci en font même un saint populaire, quoiqu’on puisse noter que c’est un diacre américain qui bénéficie du miracle reconnu, et un oratorien français qui écrit la biographie officielle pour l’événement[24].  

Dans l’Église anglicane et chez les non-conformistes

La descendance spirituelle de Newman en Grande-Bretagne ne s’arrête pas à l’Église catholique. Dans l’Église d’Angleterre, Newman est souvent considéré à la fois comme un refondateur et un fossoyeur – pas forcément par les mêmes. Sa descendance tractarienne a connu des hauts et des bas mais reste vivante. Cet héritage est difficile à distinguer de celui de ses compagnons restés anglicans, surtout Keble et Pusey, mais elle est indéniable ; ainsi l’archevêque Ramsey, en 1966 : « Je crois que le renouveau de l’Église anglicane inclut la recapture de quelque chose de l’esprit de John Henry Newman »[25]. S’ailleurs son nom a été inscrit dans des calendriers anglicans (à la date du 11 août) bien avant sa béatification catholique[26].  

L’influence sur les Églises non-conformistes semble plus surprenante car ces Églises en pleine croissance à sa mort auraient pu voir en lui un concurrent dans ce qui semblait être alors la tonte du mouton anglican. Or cela ne s’est pas passé et les historiens de ces Églises y décèlent un héritage newmanien. La forte connotation morale de l’œuvre y est pour beaucoup, mais aussi le fait que Newman n’ait jamais renié sa période « évangélique », mais l’ait assumée dans la suite de son itinéraire spirituel, anglican puis catholique. Pour Alexander Whyte, grand théologien non-conformiste écossais mort en 1921, Newman était « un vrai évangélique dans un habit catholique »[27]. Cette influence n’est certes pas allée sans résistances : James Rigg, autre grande figure non-conformiste, l’accuse de « manque de virilité » et d’être « un esprit mondain » (parce que Newman jouait du violon et que dans l’école de son Oratoire les enfants jouaient au cricket). Mais on peut entendre dès le début du XXe siècle un pasteur baptiste prêcher sur lui comme modèle de vie, et des autorités des Églises non-conformistes britanniques, tels Ridgett ou Whyte, reconnaissent lui devoir la redécouverte des Pères de l’Église et de la christologie, et d’avoir rendu au Credo son statut authentique de fontaine de vie, de pouvoir et de beauté[28]

Les écrivains convertis 

« Il y aurait eu des convertis à l’Église catholique romaine en Angleterre même sans John Henry Newman » : l’affirmation de Sheridan Gilley[29] relève de l’évidence et il ne suffit pas que Newman soit cité pour qu’il ait joué un rôle décisif dans telle ou telle conversion[30]. Pourtant Newman a la réputation justifiée d’avoir été et de demeurer « le père de bien des convertis »[31]. Il poursuit cette activité depuis sa mort à travers ses ouvrages, en Angleterre comme ailleurs. Chaque conversion (et le rôle qu’y joue Newman) est particulière, que ce soit le coup de foudre suivi immédiatement du passage à Rome ou une très longue route comme celle du poète Roy Campbell qui lit à 18 ans l’Apologia, désire rejoindre l’Église catholique et ne le fait que trente ans plus tard. Par rapport au nombre de convertis anglais et gallois enregistrés au XXe siècle, qui va de quelques 7000 avant la Première Guerre mondiale à près du double dans les années 1950 avant de connaitre un reflux, ceux de Newman ne sont certes qu’une minorité, et ceux qui sont célèbres pour une raison ou une autre une minorité dans cette minorité : ainsi l’historien Christopher Dawson, à qui l’étude des civilisations doit beaucoup, le philosophe Edward Watkin, sorte de Maritain anglais qui gagnerait à être traduit, le polémiste Arthur Lunn[32], l’acteur Alec Guinness, Bede Griffiths qui, lisant l’Essai sur le développement la veille de recevoir les ordres anglicans entre, au lieu de cela, chez les Bénédictins de Prinknash avant de partir fonder un ashram chrétien en Inde, ou encore le journaliste Malcolm Muggeridge, un des « découvreurs » de Mère Teresa. Quant aux écrivains, romanciers ou poètes, ils ne sont qu’une minorité de cette minorité dans une minorité, mais la dernière partie de cette communication leur sera consacrée, à cause de leur importance. Sept écrivains anglais du XXe siècle seront ici présentés ; tous, sauf le dernier, ont eu et conservent leur place au soleil de la culture britannique et ils représentent autant de visages variés, voire opposés, de « convertis de Newman »[33]

Au début du siècle, Robert Hugh Benson n’est rien moins que le fils du défunt archevêque de Canterbury, et prêtre anglican lui-même, lorsqu’il entreprend comme Newman soixante ans plus tôt une démarche fort semblable à celle de son devancier, dans laquelle la lecture du Développement de la doctrine chrétienne, en 1903, constituera une étape décisive. Cet ouvrage (et un autre, de Mallock) jouera pour lui le rôle d’un « magicien » dissipant dans son esprit aussi bien les dernières difficultés vis-à-vis de Rome que les dernières attaches à l’Église anglicane. Son passage à Rome fera grand bruit. Comme Newman encore, Benson deviendra prêtre et sera un infatigable prédicateur. Il écrira des romans, fort prisés en leur temps et vite traduits en français, qui, à leur façon, tentent comme ceux de Newman de répondre aux défis de la modernité et de présenter l’authentique foi catholique. Robert Hugh Benson mourra d’épuisement dix ans après sa conversion.

Gilbert K. Chesterton a eu à sa façon l’importance pour le catholicisme anglais du XXe siècle que Newman avait eu au sien. Il serait exagéré de faire de lui un converti de Newman, tant sa voie est propre – il ne parle d’ailleurs quasiment pas de son illustre prédécesseur dans son autobiographie, même s’il le connaît d’autant mieux que son alter ego, Hilaire Belloc, a fait sa scolarité chez les oratoriens de Birmingham du vivant même de Newman. Pourtant, Chesterton a écrit, neuf ans avant son passage à Rome, des pages sur Newman dans Le Siècle de Victoria en littérature qui le feraient croire catholique à quiconque ne connaîtrait pas sa vie. Il voit en effet en Newman le chevalier qui en son temps fut à la pointe du combat qui est celui de sa propre vie, contre l’utilitarisme, l’irrationalisme des idées dominantes de confort et de compromis, le subjectivisme. Il défend la conversion de Newman face à ceux qui la minimisent ou lui donnent d’autres raisons que la seule recherche de la vérité, il en dresse un portrait saisissant comme grand polémiste qui parait parfois écorcher vivant ses contradicteurs, mais c’est parce que lui-même est une « chair à vif »[34]. La parenté profonde des deux penseurs éclate alors, malgré tout ce qui les sépare dans leur caractère ou leur génie littéraire. 

Evelyn Waugh peut être baptisé « converti de Newman ». Son roman le plus célèbre, et un des plus influents du XXesiècle, Retour à Brideshead, au fort contenu autobiographique, a été décrit comme une œuvre sur « le métier de chrétien » et sur toutes les formes que peut prendre l’adhésion au catholicisme, positives et négatives. Les allusions à Newman y sont transparentes lors de plusieurs événements clé de la vie de son héros, Charles Ryder, qui se convertit comme son créateur au catholicisme. Waugh lui-même, bouleversé encore enfant par une liturgie anglo-catholique et enthousiasmé par le Songe de Gerontius, s’était éloigné de toute pratique religieuse à l’adolescence. La trentaine advenue, la foi lui revient par anamnèse existentielle et c’est vers l’Église catholique, celle de Newman, qu’il se tourne comme son héros.

Graham Greene, autre romancier fameux du siècle dernier, ne doit rien à Newman pour sa conversion, et tout à Vivien Darryel-Browning, sa fiancée, elle-même convertie à l’adolescence sous l’influence de Chesterton. Mais l’Apologia devient vite un des livres de chevet de cet esprit tourmenté par le problème du mal et le doute. La relation de Greene à l’Église sera presque inverse de celle de Newman, et tout en s’affirmant catholique jusqu’à sa mort il s’en éloignera de plus en plus. Son attachement persistant à Newman relève de deux ordres, comme le montre la récente étude de Michael Andrade : d’abord personnel, « Fais-moi croire » semble-t-il lui demander sans cesse, et ensuite littéraire, nombre des romans  de Greene ayant pour arrière-plan théologique les écrits de Newman : « Les romans catholiques de Graham Greene atteignent leur grandeur à la lumière de la théologie du conflit du Bx John Henry Newman et conduisent les lecteurs dans les profondeurs de l’expérience humaine en montrant la grâce de Dieu agissant en toute vie humaine »[35]. Je serais moins affirmatif sur le dernier point, mais le lien est bien mis en valeur.

J. R. R. Tolkien peut être qualifié de « converti indirect » de Newman. En effet c’est dans le rayonnement spirituel de Newman, mort peu avant, que sa mère, veuve, s’est convertie, et lui avec, âgé alors de 7 ans. Mabel Tolkien subit aussitôt l’ire de sa famille, très anticatholique, et, privée de son aide, tombe dans la misère. Elle est secourue par l’oratorien Francis Morgan, disciple direct de Newman, mais meurt vite d’épuisement. C’est alors la religion qui prend la place de sa mère dans la vie affective du jeune John Ronald. Il est recueilli avec son frère par l’Oratoire de Birmingham et le P. Morgan devient pour lui un second père. Il grandit dans cet environnement newmanien qui façonne son âme catholique, y compris comme convertisseur (entre autres de C. S. Lewis, qui le décevra en retournant à l’Église anglicane de ses pères, ou de Robert Murray, qui rejoindra les jésuites). Leur parenté spirituelle se remarque en bien des domaines, par exemple « dans la façon dont le cardinal Newman envisageait le rapport du chrétien “ordinaire” avec les saints, et celle qu’a Tolkien de présenter des héros à la mesure des braves gens tels que les Hobbits » (Charles Ridoux[36]) ; dans le rapport aux réalités invisibles presque plus naturelles que les visibles ; dans leur ecclésiologie ; dans les idées qu’ils partagent sur l’éducation, etc.  Est-ce un hasard si le plus grand newmanien français du siècle passé, Louis Bouyer, fut aussi un ami personnel de Tolkien, et le premier à présenter Le Seigneur des Anneaux à un public français, bien avant que la trilogie ne soit traduite[37].

Muriel Spark n’a jamais caché ce qu’elle doit à Newman, et qu’elle a essayé de lui rendre. En 1952, lorsqu’elle découvre Newman, la vie de cette jeune femme écrivain de 34 ans, Écossaise d’ascendance juive, semble un échec complet : écriture, divorce, instabilité, dépression. Comme beaucoup c’est d’abord le style qui la séduit (« Je trouvais qu’il écrivait comme un ange »). Elle lit alors tout ce qu’elle peut trouver de lui, et elle tombe amoureuse des Sermons paroissiaux. Elle s’identifie tellement à Newman qu’elle dira avoir ressenti toutes ses souffrances et ses angoisses avant d’entrer elle aussi dans l’Église catholique au bout de deux ans de compagnonnage intime. La conversion la libère de ses troubles, et elle commence une brillante carrière de romancière qui en fera une des plus lues et appréciées dans le monde jusqu’à sa mort en 2006[38]. Comme chez Greene, la question du mal et le choc de la modernité sont au cœur des intrigues de Spark, souvent très dures voire scabreuses, mais les réponses qu’elle dessine sont plus orthodoxes. L’écrivain met aussi sa plume au service de Newman, publiant une sélection des Lettres et écrivant une préface à une réédition des Sermons, dans laquelle elle avoue que Newman est sa lecture préférée et quasi quotidienne. Elle va jusqu’à avouer que même si elle n’est pas en train de les lire, voir ses livres « en train de réfléchir paisiblement sur les rayons » de sa bibliothèque lui est cher. Elle livre un des secrets de l’influence de Newman, en Angleterre comme ailleurs : « Il demeure étonnamment vivant pour ceux qui sont attirés par lui. C’est un de ses dons. Il est bien moins mort, selon moi, que nombre de mes contemporains »[39].

John Bradburne est encore inconnu en France, mais en Grande-Bretagne sa popularité commence à dépasser les milieux catholiques. Ce « Vagabond de Dieu », devenu l’apôtre des lépreux et mort martyr en Rhodésie-Zimbabwe en 1979, est selon le Pr David Crystal le plus grand poète anglais du XXe siècle en ce qui concerne la taille de l’œuvre (quelques 11 000 pages). Après avoir été un héros des commandos de la seconde guerre mondiale, ce fils d’un ecclésiastique anglican cherche la vérité et sa voie. La lecture de l’Apologia ne lui fait pas découvrir le catholicisme vers lequel il est déjà attiré, mais fait de lui « un homme nouveau » (a new man !). Il y trouve une exposition claire de toutes les réponses qu’il sent en lui aux objections à un passage à Rome. Après sa conversion, il écrira des poèmes influencés par Newman, surtout par le Songe de Gerontius, et par le sens des réalités spirituelles de celui-ci. Il s’amusera aussi à écrire sa propre Apologia pro vita mea ou à faire de Newman un héros de poèmes de veine burlesque, le mettant par exemple dans un carrosse qui remonte les Champs-Elysées avec les autres figures du Mouvement d’Oxford, suivis d’un rickshaw où ont pris place Chesterton et Belloc, avant que Falstaff, Newman et Chesterton n’aillent boire un pot dans un bistrot[40]

Ces coups de sonde montrent la fécondité de ce grand penseur et maitre spirituel du XIXe siècle dont la descendance anglaise évoque Abraham et Isaac, à la fois pour les promesses divines et pour les aléas de leur réalisation. Il aurait fallu sans doute la croiser de façon plus précise avec sa descendance hors de la Grande-Bretagne, et montrer bien des allers-et-retours, qui sont autant d’expressions de sa catholicité. Aujourd’hui, « son influence n’est plus limitée à la seule Angleterre mais dans le monde entier des hommes proclament que ce maitre de l’esprit par ses œuvres, son exemple, son intercession, a été un instrument de la divine Providence dans leurs vies »[41]. Newman n’en demeure pas moins typiquement anglais (n’est-ce pas à cause de cela qu’il appartient effectivement « à tous les temps, lieux et peuples »[42], l’universel authentique étant toujours enraciné en un particulier authentique). Son rôle historique pour l’Église catholique en Grande-Bretagne demeure important et ce n’est certes pas un hasard s’il est à ce jour le seul bienheureux béatifié personnellement par Benoît XVI au cours d’un voyage en dehors de Rome. L’Église catholique d’Angleterre sait ce qu’elle lui doit : avant lui, être catholique était Unenglish, et l’anticatholicisme était aussi constitutif de l’Englishness que le roastbeef ou le cab[43]Quand Newman meurt quarante ans plus tard, un peuple entier le pleure, sans distinction de confessions. L’anticatholicisme ne disparaît certes pas avec lui, mais il est désormais sur la défensive – le Guardian de Manchester le remarque : « Il a rendu impossible pour les personnes éduquées de rejeter sa religion comme un ramassis d’absurdités qu’il ne vaut même pas la peine d’examiner ». Ce « miracle » a certes de nombreuses causes, dont les qualités personnelles de Newman ne sont pas les moindres, mais il en est une qui paraît évidente : Newman lui-même était une quintessence de l’Englishness, et son combat pour dissocier celle-ci de l’anticatholicisme fut d’abord intérieur. Il le gagna en allant au plus profond, non seulement dans l’histoire et les racines de son Église mais aussi dans celles de son peuple. Il put alors retourner contre l’anticatholicisme les armes mêmes de la fierté de ce peuple : amour de la liberté, fairplay, esprit gentleman, générosité (mais non sans cinglante ironie parfois, comme dans ses Lectures on the Present Position of Catholics in England de 1851). C’est sa grandeur, et celle de l’Angleterre, de l’avoir entendu.


[1] On trouve sous la plume de Newman lui-même bien plus souvent English que British

[2] Charles Stephen DESSAIN (ed.), The Letters and Diaries of John Henry Newman, XIII: Birmingham and London, January 1849 to June 1850, London, Thomas Nelson, 1963, p. 419. Newman ajoutait toutefois qu’il n’écrivait pas pour faire de la littérature mais par devoir, pour mettre en mots ses idées. 

[3] Anonyme cité par Gordon Rupp dans John Coulson & A. M. Allchin (eds), The Rediscovery of Newman, an Oxford Symposium, London, Sheed and Ward, 1967, p. 195. 

[4] In The Rediscovery of Newmanop. cit., p. 3. 

[5] Cf. Helene HANFF, 84, Charing Cross, Paris, Autrement, 2004. Il faudrait bien sûr citer ici les écrivains « convertis de Newman », mais ils seront présentés dans la troisième partie de cette communication. 

[6] On peut citer Walter Jost, Rhetorical Thought in John Henry Newman, Columbia, University of South Columbia Press, 1989, et le récent numéro des Cahiers victoriens et édouardiens qui lui est consacré (n° 70, octobre 2009). 

[7] Cf. Homage to Newman, l845-l945, a collection of essays to make the cardinal more widely known and more greatly loved in the centenary year of his conversion, Westminster Cath. Chron., 1945, p. 25ss. 

[8] Cf. James Lewis May, Cardinal Newman, New York, The Dial Press, 1930, p. 53. 

[9] Cité par Sheridan Gilley, « Newman and the Convert Mind », in Newman and Conversion, ed. Ian Ker, Edinburgh, T & T Clark, 1997, p. 5. 

[10] A titre d’exemple, trois semaines avant ce colloque, dans une petite église catholique du Pays de Galles, les paroles de deux des trois cantiques chantés durant la messe dominicale étaient de Newman.

[11] Cf. Byron Adams, Edward Elgar and his World, Princeton University Press, 2007.  On peut ajouter qu’actuellement même un jeune compositeur français, Thierry Machuel, travaille sur ce grand texte newmanien et, à un autre niveau, que le compositeur écossais James MacMillan, un des plus importants de la scène musicale britannique actuelle, a composé une messe pour Newman à l’occasion de la béatification.

[12] Cf. Jaroslav Pelikan, The Idea of a University. A Reexamination, New Haven & London, Yale University Press, 1992.

[13] Elle a changé plusieurs fois de nom au cours de son siècle et demi d’existence, le plus souvent sur décision du gouvernement irlandais depuis l’indépendance du pays, et porte depuis 1998 celui d’Université nationale d’Irlande – University College of Dublin (UCD).

[14] Cf. Robert Anderson, British Universities Past and Present, London, CIPG, 2006.

[15] Lettre à l’évêque de Limerick, publiée dans les Acta Sanctae Sedis, vol. 41, 1908. 

[16] G. A. Beck (ed.), The English Catholics, 1850-1950, Londres, Burns, Oates et Washbourne, 1950.

[17] Cf. Clifford Longley, The Worlock Archives, Londres, G. Chapman, 2000. 

[18] Cf. George Scott, The RC’s, Londres, Hutchinson, 1967. 

[19] Cf. Sheridan Gilley in Michael P. Hornsby-Smith (ed.), The Catholics in England, 1950-2000, Londres, Cassell, 1999, p. 42. 

[20] Selon la revue Philosophie (numéro de décembre 2002, qui lui est consacré). E. Anscombe cite Newman dans sa polémique sur l’éthique religieuse. 

[21]  Apologia pro vita sua, Paris, Ad Solem, p. 189.

[22] Cf. Newman, Le mystère de la foi. Une théologie pour un temps d’apostasie, Genève, Ad Solem, 2006.

[23] Cf. Paul Chavasse, « Brève histoire de la Cause du cardinal Newman », in Études Newmaniennes, 26, Paris, 2010, p.121 ss.

[24] Cf. Keith Beaumont, Le Bienheureux John Henry Newman. Un théologien et un guide spirituel pour notre temps, Strasbourg, Éditions Du Signe, 2010. 

[25] In The Rediscovery  of Newman, op .cit., p. 8.

[26] Après le « Report on the Commemoration of Holy Men and Heroes of the Faith in the Anglican Communion for the 1958 Lambeth Conference », plusieurs provinces anglicanes ont inscrit Newman comme  « Héros de la foi ». 

[27] Cf. Gordon Rupp, « Newman through nonconformist eyes »  et H. Cunliffe-Jones, « Note on the Free Church Attitude to Newman », in The Rediscovery of Newmanop. cit., p. 195-212 et 213-215.

[28] Ibid.

[29] Cf. Sheridan Gilley, « Newman and the Convert Mind », in Ian Ker (ed.), Newman and Conversion, Edimbourg, T&T Clark, 1997, p. 5.

[30] Par exemple celle d’Anthony Blair, malgré des photos de Newman offertes par lui à Benoît XVI et un article sur Newman dans L’Osservatore Romano du 15 octobre 2010.

[31] H. J. Coleridge, « A Father of Souls », The Month, 70 (1890), p. 161. Cf. http://www.newmanfriendsinternational.org/newman/?p=171  

[32] Ce sportif accompli (inventeur du slalom) était aussi un redoutable polémiste anticatholique. Il publie en 1924 un gros livre contre Newman et d’autres convertis catholiques, ce qui lui vaut une polémique avec l’un d’eux, Ronald Knox, polémique qui l’oblige à refaire son étude et qui se terminera neuf ans plus tard par sa conversion et sa transformation en apologète encore plus redoutable, mais désormais en faveur du catholicisme. 

[33] Sur les écrivains convertis au catholicisme au XXe siècle, cf. Ian Ker, The Catholic Revival in English Literature, 1845-1961 : Newman, Hopkins, Belloc, Chesterton, Greene, Waugh, Notre Dame, Indiana, Notre Dame University Press, 2003, et Joseph Pearce, Literary Converts : Spiritual Inspiration in an Age of Unbelief, Londres, HarperCollins, 2000. 

[34] Cf. G. K. Chesterton, Le Siècle de Victoria en littérature, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1994, p. 29-32. 

[35] Michael Andrade, Make Me Believe: Blessed John Henry Newman’s Influence on Graham Greene’s Catholic Novels

 (http://www.mountangelabbey.org/documents/andradecapstone.pdf) (février 2011)

[36] Cf. Charles Ridoux, Tolkien, le Chant du Monde, Amiens, Encrages, 2004, p. 18. 

[37] Cf. Michaël Devaux, « Louis Bouyer & J. R. R. Tolkien : une amitié d’écrivains », in Tolkien, les racines du légendaire, Genève, Ad Solem, 2003, p. 85-146.

[38] Quasiment tous ses romans, une trentaine, et son autobiographie, sont traduits en français. 

[39] Cité par Sheridan Gilley in Newman and Conversion, op cit., p. 6.

[40] Voir Didier Rance, John Bradburne, le vagabond de Dieu. Préface de Jean Vanier. Salvator, 2012. 

[41] Jean-Paul II, Discours du 27 avril 1990. 

[42] P. Boyce, « The enduring Relevance of Newman’s Vision of Hope », in Conoscere Newman. Introduzione alle opere, Centro Internazionale degli Amici di Newman, Relazioni del Colloquio internazionale, 19-20 febbraio 2001, Roma, Urbaniana University Press, 2002, p. 15-33.

[43] Un exemple : quand, en 1850, peu après sa conversion, Rome rétablit la hiérarchie catholique anglaise, les réactions ne sont pas moindres que celles cette année (2011) du gouvernement chinois quand Rome rappelle que c’est le Pape qui nomme les évêques catholiques : réunion de crise du Cabinet de Lord Russell, Acte solennel de condamnation du parlement, milliers de manifestants anticatholiques dans les rues, quasi-émeutes, violences, rappel des versets antipapistes du God save the Queen